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EAN : 9782020159531
169 pages
Seuil (02/04/1992)
3.68/5   71 notes
R�sum� :
Les Grecs ont-ils cru � leurs mythes�?

Au premier abord, la question peut para�tre surprenante, voire provocante. En r�alit�, Paul Veyne, grand historien du monde gr�co-romain, nous d�montre qu'elle n'a pas de sens, la v�rit� �tant elle-m�me historique.

En effet, � travers l'exemple de la civilisation grecque, cet ouvrage �tudie les id�es que nous nous faisons de la v�rit�. On consid�re g�n�ralement qu'elle ne peut �tre qu'une, la m�m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est un petit bouquin passionnant mais difficile parce que le sujet examin� r�ellement peut �chapper au lecteur et devenir confus.
Les grecs ont-ils cru � leurs mythes ? C'est le sujet et si on prend la question au sens litt�ral on consid�rera que le titre borne clairement la question.
Le probl�me c'est que ce questionnement est infiniment plus vaste qu'il en a l'air. le texte de l'essai de Veynes est aussi tr�s ancr� dans l'univers hell�nique donc toute conclusion sera fortement subordonn�e � ce contexte hell�nique.
Dans notre univers largement d�sacralis� on ne se rend pas compte que �norm�ment de portes ouvertes sont en fait pour nous autres ferm�es, quant on s'essaye � penser aux effets pratiques du numineux sur les individus, les milieux sociaux et sur les soci�t�s en g�n�ral.
La Gr�ce est un univers profond�ment religieux ,activement ritualiste, et fonci�rement pluraliste avec une libert� importante mais born�e par des r�gles subtiles.
Le mythe y est au centre de la vie individuelle ,sociale et politique et il s'exprime socialement dans des rituels exigeants et n�cessaires. Les mythes sont aussi tr�s inspirants au niveau des individus et des mentalit�s collectives. le mythe est aussi au centre de l'�ducation ,de la po�tique et de l'all�gorique..
Il est un r�cit sensible conserv� dans des sanctuaires qui sont affili�s � une tradition particuli�re et qui le conserve et le donne .Les versions sont souvent vari�es et la lecture et la compr�hension du mythe grec est naturellement plural. Il est v�ridique .il a une port�e � historielle � et symbolique .Il est donc bizarrement toujours vrai en fonction du contexte psycho-social et � plusieurs �chelles (sourires).
Dans un univers religieux le numineux est tangible , autant qu'une pierre ou que le soleil ,car il est un consensus qui un tel un mortier impr�gne toute la soci�t� et il fonde et exprime v�ritablement le r�el. La croyance est un bonheur, un pr�texte ou/et , un ciment.
La vie politique ,la guerre ,la m�decine, les relations internationales ,la vie ,la mort des individus et des groupes sont reli�s � une religiosit� qui est connect�e directement aux mythes qui sont inspirants et r�p�t�s r�actualis� ,dans des rituels tr�s contraignants � l'efficience notable.
On peut aussi � tort s'imaginer que le verbe croire renvoie � une r�alit� simple. Or non, la croyance est un espace qui par nature se complait dans la contradiction. La source du mythe actif socialement et de la croyance ,est donc contextuelle ,plurielle et multifactorielle. A ce titre le mythe est au-del� du vrai ou du faux et m�me hors du champs de la v�rit� mais non de celui du v�ritable. le mythe est un savoir qui me fait penser � la psychologie diff�rentielle . Il est insaisissable, relatif et il est soluble dans des contextes diff�rents ,concomitants , contradictoires ou non mais toujours vrai (sourire) .Il est aussi dans une temporalit� subjective et litt�ralement dans un espace /temps variable et diff�rent de celui du monde profane et de tout qu'il contient.
L'auteur examine aussi dans ce travail dense une forme d'incroyance particuli�re au monde grec. Les mythes �taient de mani�re admises des tautologies � interroger de mani�res diff�rentielles en fonction de la variabilit� et de la relativit� de ce qui est r�put� vrai et de ce qui est observable ou non .
En histoire les mythes et leurs contextes sont des sources historiques et donc l'auteur questionne cette mati�re complexe, riche en contradictions et aux ambig�it�s li�es � la langue et aux formulations .
Bref un livre complexe et un cran au-dessus de la vulgarisation je trouve.
Je conclue en faisant r�f�rence � un �v�nement que Veyne n'exploite pas.
N'oubliez pas que Socrate est mort car accus� d'avoir mis en cause l'existence des dieux (Ce dont il semble s'�tre d�fendu cf. Platon) .Voil� , � bon entendeur salut !
Ps : Je vous recommande la lecture de : ,Les grecs et l'irrationnel, de E.R. Doddes
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Les Grecs ont-ils cru � leurs mythes�? � La question qui constitue le titre de ce livre ne manque pas d'interpeller. Comment �taient consid�r�s Ulysse et Hercule�? Des all�gories, des v�rit�s historiques qu'il ne convient pas de contester�?

Un peu des deux � la fois, en v�rit�. La fonction d'historien a d�j� �volu� avec le temps. Au d�part, son r�le n'�tait pas de rechercher l'exacte v�rit�, mais de proposer un consensus, une version des faits qui satisfasse tout le monde. Des auteurs critiques ont fait leur apparition, et n'�taient pas vraiment dupes de tous les r�cits qu'ils lisaient�: les contradictions, les impossibilit�s, leur sautaient aux yeux. Pour autant, des l�gendes qui ont une telle importance pour un peuple doivent, � leurs yeux, avoir un fond de v�rit�: � eux de s�parer le bon grain de l'ivraie. Hercule n'a sans doute pas �t� divinis�, mais �tait un roi d'une grande importance qui a enflamm� l'imagination populaire.

Le propos de Paul Veyne est que la v�rit� est largement culturelle, et qu'une m�me personne peut accepter plusieurs v�rit�s contradictoires. Ainsi, on peut souligner l'impossibilit� biologique des centaures quand on agit en tant que m�decin, et � la fois en parler naturellement dans la vie de tous les jours, puisque tout le monde dit qu'ils existent et que si on a toujours pens� comme �a, c'est qu'il y a une bonne raison de le faire.

Malgr� mon int�r�t pour le sujet, j'ai trouv� cette lecture assez confuse. J'ai eu l'impression que Veyne exposait toujours les m�mes notions au fil des chapitres, mais, malheureusement, jamais d'une mani�re tr�s claire. Je quitte finalement ce livre avec les id�es aussi confuses qu'en le commen�ant, ce qui, pour un essai, n'est pas bon signe.
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J'aime bien ce bouquin pour deux raisons. D'une part, il est int�ressant. D'autre part, il s'agit d'un cas rarissime o� le r�sum� te spoile direct la question pos�e en titre. du pain b�ni pour les flemmards, qui peuvent s'�pargner la lecture des 170 pages entre la premi�re et la quatri�me de couverture.


Dans les grandes lignes, certains Grecs ont cru � leurs mythes, d'autres non� ce qui ne fait pas avancer le schmilblick. le vrai propos de Veyne interroge la notion de croyance et, surtout, celle de v�rit�. Pour en arriver � la th�se d'une v�rit� comme construction culturelle et �volutive dans le temps, avec laquelle les Grecs entretenaient des rapports ambivalents. On pouvait tr�s bien accepter le mythe � travers ce qu'il repr�sentait (la grandeur d'une cit�, une forme de m�moire historique, une explication du monde, une justification de l'ordre social�), sans pour autant accorder de cr�dit � toutes les fantaisies qui sont devenues notre fantasy (magie, cr�atures monstrueuses, deus ex machina�). M�lange entre adh�sion � la valeur du mythe et regard critique envers sa mise en sc�ne, pleine d'�l�ments WTF qui d�fient la raison.
Qui dit v�rit� construite dit v�rit� utilis�e �pour la bonne cause�, quand il s'agit de vendre quelque chose. Les mythes fondateurs permettent de se la p�ter aupr�s des cit�s voisines dans un concours de qui a la plus grosse divinit�. Qu'ils soient authentiques ou fictifs, on s'en tamponne, l'important c'est la dimension mythique, du moment que �a claque et que �a en met plein la vue.
Dans la s�rie �j'y crois quand �a m'arrange�, Veyne cite Galien, toubib grec � cheval sur les IIe et IIIe si�cles apr�s l'invention du pin's. Quand il s'agit de m�decine pratique, Galien r�fute l'existence des centaures, cr�atures aussi merveilleuses qu'invraisemblables. Pour d�fendre son art et gagner de nouveaux disciples, ce m�me Galien �voque le savoir m�dical de Chiron, se pla�ant ainsi sous le patronnage d'un centaure. Pure rh�torique et usage int�ress� du mythe : de la langue de bois.


L'ouvrage est parfois redondant, souvent velu (on se situe dans l'universitaire, pas dans la vulgarisation) mais indispensable � lire pour questionner ensuite notre propre rapport � la v�rit� et � toutes celles qu'on nous sert. Ce qui valait pour les Grecs reste d'actualit�. Entre fake news, l�gendes urbaines, enl�vements extraterrestres, roman national, Terre plate, r�alit� d�form�e par les discours politiques ou religieux, on nage en permanence dans les mythes, les inventions, les d�lires bon enfant ou malsains. Autant de �v�rit�s� qui n'en sont pas et demandent qu'on s'interroge sur nos propres croyances.
Lien : https://unkapart.fr/les-grec..
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Qu'il est difficile de saisir ce Veyne.
On voit l'�nergie d�ploy�e par ce prince gr�co-romain pour trouver, en creux des pratiques religieuses grecques, des angles d'attaque et faire fl�che de toute colonne corinthienne.

Pour autant, l'ouvrage tombe des mains en m�me temps qu'il tend � tomber dans la bis repetita.

Bien trop, l'all�chante question initiale, se noie dans des consid�rations certes int�ressantes, mais �loign�es mentalement.
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Un essai int�ressant sur le fondement des mythes grecques et sur la question de qu'est-ce que la v�rit� lorsqu'il est question d'histoire. Je l'ai lu dans le cadre des cours.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Distinguons donc entre les pr�tendus faussaires, qui ne font que ce que leurs contemporains trouvent normal, mais qui amusent la post�rit�, et les faussaires qui le sont aux yeux de leurs contemporains. Pour tirer nos exemples d'animaux plus petits, disons que ce second cas est celui d'un personnage dont il vaut mieux rire que pleurer, d'autant plus qu'il n'a jamais exist�, toutes les preuves de sa r�alit� �tant r�vocables en doute : un imposteur avait pris sa place devant les tribunaux, ses livres avaient �t� �crits par d'autres et les pr�tendus t�moins oculaires de son existence �taient, soit partiaux, soit victimes d'une hallucination collective ; une fois qu'on sait qu'il n'a pas exist�, les �cailles tombent des yeux et l'on voit que par cons�quent les pr�tendues preuves de sa r�alit� sont fausses : il suffisait de n'avoir pas d'id�e pr�con�ues. Cet �tre mythique s'appelait Faurisson. S'il faut en croire sa l�gende, apr�s avoir �lucubr� obscur�ment sur Rimbaud et Lautr�amont, il parvint vers 1980 � quelque notori�t� en soutenant qu'Auschwitz n'avait pas eu lieu. Il se fit engueuler. Je proteste que le pauvre homme avait failli avoir sa v�rit�. Il �tait proche, en effet, d'une vari�t� d'illumin�s � laquelle les historiens de ces deux derniers si�cles se heurtent parfois : anticl�ricaux qui nient l'historicit� du Christ (ce qui a le don d'exasp�rer l'ath�e que je suis), cervelles f�l�es qui nient celle de Socrate, Jeanne d'Arc, Shakespeare ou Moli�re, s'excitent sur l'Atlantide ou d�couvrent sur l'�le de P�ques des monuments �rig�s par des extra-terrestres. En un autre mill�naire, Faurisson aurait pu r�ussir une belle carri�re de mythologue ou, il y a encore trois si�cles, ou, il y a encore trois si�cles, d'astrologue ; quelque chose d'un peu court dans la personnalit� ou l'inventivit� lui interdisait d'�tre psychanalyste. Il n'en avait pas moins le go�t de la gloire, comme l'auteur de ces lignes et toute �me bien n�e. Il y avait malheureusement un malentendu entre lui et ses admirateurs ; ceux-ci m�connaissaient que la v�rit� �tant plurielle (ainsi que nous nous flattons de l'avoir �tabli), Faurisson relevait de la v�rit� mythique plut�t que de la v�rit� historique ; la v�rit� �tant �galement analogique, ces lecteurs se croyaient, avec Faurisson, sur le m�me programme qu'avec les autres livres relatifs � Auschwitz et et ils opposaient candidement son livre � ses livres ; Faurisson facilitait leur l�thargie en imitant la m�thode de ces livres, �ventuellement au moyen d'op�rations qui, dans le jargon des historiens � controverse, s'appelaient falsifications de la v�rit� historique.

Le seul tort de Faurisson �tait de s'�tre plac� sur le terrain de ses adversaires : au lieu d'affirmer tout de go, comme l'historien Castor, il pr�tendait controverser ; or, avec son d�lire d'interpr�tation syst�matis�, il mettait tout en doute, mais unilat�ralement : c'�tait donner le b�ton pour se faire battre. il lui fallait, ou croire aux chambres � gaz, ou douter de tout, comme les tao�stes qui se demandaient s'ils n'�taient pas des papillons en train de r�ver qu'ils �taient es humains et qu'il y avait eu des chambres � gaz. Mais Faurisson voulait avoir raison contre ses adversaires et comme eux : le doute hyperbolique sur l'univers entier ne faisait pas son affaire.
Aristote croit � l'�ternit� du monde et, par cons�quent, � l'�ternel Retour. Il ne se le repr�sente pas comme brassage de "donnes" toujours diff�rentes en une sorte de poker cosmique, o� le retour in�vitable des m�mes agr�gats, loin d'avoir une raison, confirmerait que tout n'est que combinatoires au hasard (et non pas sch�ma causal) ; il le consid�re, de fa�on plus r�confortante, comme remont�e cyclique des m�mes r�alit�s, que la v�rit� des choses fait retrouver : c'est un happy end.

Nous autres, les modernes, nous ne croyons plus au cycle, mais � l'�volution : l'humanit� fut longtemps enfant, maintenant elle est devenue grande et ne se raconte plus de mythes ; elle est sortie ou va sortir de sa pr�histoire. Notre philosophie a toujours pour mission de r�conforter et b�nir, mais c'est la (r)�volution qu'il faut maintenant conforter. � nos yeux, le mythe a cess� de dire vrai ; il passe en revanche pour n'avoir pas parl� pour rien : il a eu une fonction sociale ou vitale, � d�faut d'une v�rit�. La v�rit�, elle, demeure �gocentriquement n�tre. La fonction sociale qu'a eue le mythe confirme que nous sommes dans la v�rit� des choses, lorsque nous expliquons l'�volution par la soci�t� ; on en dirait autant de la fonction de l'id�ologie, et voil� pourquoi ce dernier mot nous est si cher. Tout cela est bel et bon, mais voici le hic : s'il n'y avait pas de v�rit� des choses ?

Quand on jette en plein d�sert une cit� ou un palais, le palais n'est ni plus vrai ni plus faux que ne le sont les fleuves ou les montagnes, qui n'ont pas de montagne mod�le � laquelle elles seraient conformes ou non ; le palais est et, avec lui, un ordre des choses commence � �tre, dont il y aura quelque chose � dire ; les habitants du palais trouveront que cet ordre arbitraire est conforme � la v�rit� des choses m�me, car cette superstition les aide � vivre, mais quelques historiens ou philosophes, parmi eux, se borneront � tenter de dire vrai sur le palais et � rappeler qu'il ne saurait �tre conforme � un mod�le qui n'existe nulle part.
Ce besoin de trouver une raison d'�tre � la fabulation trahit quelque malaise de notre part devant l'erreur et est le revers de notre propre mythologie de la v�rit� et de la science .
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Depuis quarante ou quatre-vingts ans, l'historiographie de pointe a pour programme implicite qu'�crire l'histoire, c'est �crire l'histoire de la soci�t�. On ne croit plus gu�re qu'il existe une nature humaine et on laisse aux philosophes de la politique l'id�e qu'il existe une v�rit� des choses, mais on croit � la soci�t� et cela permet de prendre en compte l'espace qui s'�tend de ce qu'on appelle l'�conomie � ce qu'on peut classer sous l'�tiquette d'id�ologie. Mais alors, que faire de tout le reste ? Que faire du mythe, des religions (d�s qu'elles n'ont pas seulement fonction id�ologique), des billeves�es de toute esp�ce ou, plus simplement, de l'art et de la science ? C'est bien simple : ou bien l'histoire litt�raire, pour prendre cet exemple, sera rattach�e � l'histoire sociale, ou bien, si elle ne veut ou ne peut y �tre rattach�e, elle ne sera pas de l'histoire et on oubliera son existence ; on l'abandonnera � une cat�gorie sp�cifique, les historiens de la litt�rature, qui ne seront historiens que de nom.

La majeure partie de la vie culturelle et sociale reste ainsi en dehors du champ de l'historiographie, m�me non �v�nementielle. Or, si l'on essaie de prendre en compte cette majorit�, afin qu'on puisse y ouvrir un jour ces essarts que Lucien Febvre attribuait comme carri�re � l'historiographie de pointe, on s'aper�oit qu'on ne peut le faire qu'en r�cusant tous les rationalismes, grands ou petits, de telle sorte que cette masse d'imaginations ne puisse plus �tre dite fausse, ni davantage vraie. Mais alors, si l'on arrive � �laborer une doctrine telle que les croyances puissent n'y �tre ni vraies, ni fausses, par contrecoup les domaines suppos�s rationnels, tels que l'histoire sociale et �conomique, devront �tre tenus, eux aussi, pour ni vrais, ni faux : ils ne se justifient pas par un sch�ma qui �rige leur cause en raison ; au terme de cette strat�gie d'enveloppement, il nous faut faire une croix sur tout ce qui nous occupe depuis quelques d�cennies : sciences humaines, marxisme, sociologie de la connaissance.
La modalit� de croyance la plus r�pandue est celle o� l'on croit sur la foi d'autrui ; je crois � l'existence de Tokyo, o� je ne suis pas encore all�, parce que je ne vois pas quel int�r�t auraient les g�ographes et les agences de voyage � me tromper. Cette modalit� peut durer tant que le croyant fait confiance � des professionnels ou qu'il n'existe pas de professionnels qui fassent la loi en la mati�re ; les Occidentaux, ou du moins ceux d'entre eux qui ne sont pas bact�riologistes, croient aux microbes et multiplient les pr�cautions d'asepsie pour la m�me raison que les Azand� croient aux sorciers et multiplient les pr�cautions magiques contre eux : ils croient de confiance. Pour les contemporains de Pindare ou d'Hom�re, la v�rit� se d�finissait, soit � partie de l'exp�rience quotidienne, soit � partir du locuteur, qui est loyal ou trompeur ; des affirmations qui restaient �trang�res � l'exp�rience n'�taient ni vraies, ni fausses ; elles n'�taient pas mensong�res non plus, car le mensonge n'en est pas un quand le menteur n'y gagne rien et ne nous fait aucun tort : un mensonge d�sint�ress� n'est pas une tromperie. Le mythe �tait un tertium quid, ni vrai, ni faux. Einstein serait cela pour nous si sa v�rit� ne venait d'une troisi�me source, celle de l'autorit� des professionnels.

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Vid�o de Paul Veyne
Paul Veyne, historien antiquisant, auteur des ouvrages le Pain et le Cirque (1976), Les Grecs ont-ils cru � leurs mythes ? (1983) ou Quand notre monde est devenu chr�tien (2007), interroge les liens entre politique et religion dans la p�riode antique : du paganisme au christianisme antique, la religion n'est-elle qu'une id�ologie politique comme les autres ?
0:00 G�n�rique 0:32 Conf�rence
Conf�rence issue de l'�dition 2005 des Rendez-vous de l'histoire sur le th�me "Religion et Politique".
� Paul Veyne, 2005.�
Nous cherchons � entrer en contact avec les ayants droit de Paul Veyne : �crivez-nous � l'adresse archives@rdv-histoire.com.�
Voix du g�n�rique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)
https://rdv-histoire.com/
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