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Amorrites

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Les Amorrites ou Amoréens (sumérien : MAR.TU ; akkadien : Tidnum ou Amurrūm ; égyptien : Amar ; hébreu : אמורי ʼĔmōrī ; grec ancien : Ἀμορραῖοι) sont un peuple sémite de la Syrie ancienne dont les premières traces remontent aux alentours du milieu du IIIe millénaire av. J.-C. Ils ont ensuite occupé de larges parties du sud de la Mésopotamie du XXIe jusqu'à la fin du XVIIe siècle av. J.-C. Ils y ont installé plusieurs cités-États, notamment Babylone. Ils apparaissent dans les textes sumériens sous la dénomination de mar.tu, et en akkadien sous le nom d'amurrû, ce qui est aussi le nom de leur principale déité.

Les sources les plus anciennes concernant les Amorrites, vers -2400, parlent de la « terre des Amorrites » (terre de mar.tu), qui est associée avec les terres à l'ouest de l'Euphrate, incluant Canaan et la Syrie actuelle. Les textes sumériens, akkadiens, et assyriens les décrivent comme un peuple nomade, « non civilisé », lié en particulier à une région montagneuse située au centre de la Syrie, au sud de Raqqa et à l'ouest de Deir-es-Zor, le Djebel Bichri (en) ou Jabal Bishri, appelé également montagne des Amorrites. Vers le milieu du IIIe millénaire av. J.-C., ils commencent à migrer, peut-être pour des raisons de changement climatique (événement climatique de 4200 AP), et se répandent en Syrie, puis vers la Mésopotamie.

Dans les tablettes de Mari (-1800/-1750) on retrouve des textes écrits par des Amorrites dans un dialecte akkadien. Le langage et les noms utilisés montrent des mots et une syntaxe ouest-sémitique, le langage amorrite est une branche nord ouest du langage cananéen, comme le sont le phénicien, l'édomite, l'hébreu, le moabite, l'ammonite, le sutéen, le punique, et l'amalécite. La principale source pour notre connaissance limitée de l'amorrite sont les noms propres préservés dans ces textes. Le langage akkadien des Sémites de Mésopotamie (Akkad, Assyrie, Isin, Larsa, Ur, etc.) utilisé pour l'écriture est par contre lui d'origine est-sémitique, comme l'eblaite.

Il y a une grande variété de vues en ce qui concerne le lieu d'origine des Amorrites[1]. Un extrême serait que leur territoire d'origine soit la totalité de la région entre la Méditerranée et l'Euphrate, jusqu'au golfe Persique. Une autre hypothèse extrême serait de limiter leur région d'origine à la montagne Djebel Bichri, en Syrie. Un point de vue minoritaire est que les Amorrites seraient initialement originaires de la péninsule arabique, puis auraient plus tard émigré vers le Djebel Bichri. Mais comme il est apparu que l'amorrite était une langue ouest-sémitique, et non sud-sémitique, comme les langues parlées au sud de la péninsule arabique, cette hypothèse méridionale parait improbable.

La migration vers la Mésopotamie

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Des « rois de Martu » sont cités dans des textes d'Ebla (XXIVe siècle av. J.-C.) et de la période d'Akkad (XXIIIe siècle av. J.-C.). Durant l'époque de la troisième dynastie d'Ur (XXIe siècle av. J.-C.), des groupes amorrites s'implantent en Basse Mésopotamie. Certains semblent causer des troubles dans la région et susciter la construction d'ouvrages défensifs, d'autres s'intègrent dans les structures militaires de l'empire. Même s'il revient aux Élamites de porter le coup de grâce à celui-ci, ce sont finalement les chefs amorrites qui s'imposent, au début du XXe siècle av. J.-C., et plusieurs dynasties amorrites s'installent dans les plus grandes cités du Proche-Orient : Larsa, Isin, Uruk, Babylone, Eshnunna, Ekallatum, Alep, Mari, Qatna, pour les principales.

La période des dynasties amorrites

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La période qui s'étend de 2000 à 1595 est d'ailleurs parfois nommée « Période amorrite ». Elle est marquée par de nombreuses rivalités entre les différents royaumes amorrites, bien connues par les archives retrouvées sur le site de Mari. Après la domination d'Isin, puis celle de Larsa, au sud mésopotamien, et au nord celle du royaume de Yamkhad (Alep), face à son rival Qatna, puis la domination éphémère du roi Samsî-Addu, originaire d'Ekallatum, ce sont finalement le Yamkhad à l'ouest et Babylone (sous le règne d'Hammourabi) à l'est qui se partagent le Proche-Orient dans la seconde moitié du XVIIIe siècle av. J.-C. après avoir dominé successivement tous leurs adversaires. Mais ils ne savent pas assurer durablement leur hégémonie, et le XVIIe siècle av. J.-C. verra leur affaiblissement, et l'éclatement de ces deux ensembles, qui seront finalement éliminés par des raids lancés par le roi hittite Mursili Ier, autour de 1600. Puis les royaumes amorrites seront supplantés par l'établissement de nouveaux ensembles de pouvoir, dirigés par d'autres ethnies, les Hittites, les Kassites, et surtout les Hourrites.

Le déclin des Amorrites

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La fin des Amorrites dans le nord de la Mésopotamie a lieu avec les défaites et l'expulsion des Amorrites d'Assyrie, par Puzur-Sin et le roi Adasi (v. -1740 -1735). Dans le sud, c'est la Première dynastie du Pays de la Mer (v. 1730) qui va chasser les Amorrites. Les Amorrites s'accrochent à Babylone, devenue petite et faible, jusqu'à ce qu'elle soit attaquée par les hittites (v. 1595 av. J.-C.), ce qui met fin à leur présence en Mésopotamie, prélude à l'arrivée de nouveaux groupes ethniques, en particulier les Kassites.

À partir du XVe siècle, le terme Amurru va s'appliquer à une région allant du nord de Canaan jusqu'à Kadesh sur l'Oronte, dans le nord de la Syrie. Les Amorrites de Syrie sont d'abord sous la domination de l'Empire hittite, puis à partir du XIVe siècle, de l'Empire assyrien. La Bataille de Qadech a eu lieu aux environs de 1274 av. J.-C. et oppose deux des plus grandes puissances du Moyen-Orient : l'Empire hittite de Muwatalli II et le Nouvel Empire égyptien de Ramsès II. Cette bataille s'est déroulée aux abords de Qadesh, dans le sud de l'actuelle Syrie, et aurait visé à départager entre les deux empires le contrôle de l'Amurru.

Les Amorrites semblent ensuite avoir été déplacés ou absorbés par un autre peuple sémitique semi-nomade : les Araméens. Ils disparaissent de l'histoire vers -1200. À partir de là, cette région du royaume d'Ammurru est connue sous le nom d'Aram.

Aspects culturels

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Système tribal

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Les Amorrites, peuple semi-nomade, fonctionnaient à la base selon un système tribal. Celui-ci perdure même après l'établissement des royautés amorrites fortement marquées par la tradition mésopotamienne. Les rois amorrites avaient une forte conscience de leur appartenance à un même ensemble, et certaines familles royales, originaires d'une même « maison », conservaient des liens très forts, comme celles de Babylone et d'Ekallâtum. Ils avaient une même conception de la royauté, et des relations diplomatiques, qui sont alors très intenses du fait de la fragmentation de l'espace proche-oriental en royaumes de même puissance. Par ailleurs, certaines tribus amorrites avaient conservé un mode de vie semi-nomade et collaboraient avec les dynasties établies. On peut citer le rôle des Benjaminites et des Bensimalites dans le royaume de Mari.

Les principales divinités du Proche-Orient amorrite étaient Addu/Adad, dieu de l'Orage, Dagan, divinité agraire syrienne, et d'autres divinités du panthéon mésopotamien, comme Enlil, Ea, Shamash, Sîn et Ishtar. Un dieu nommé Amurru (dieu) (Martu en sumérien) a bénéficié d'un culte important à cette même période. Il personnifiait les populations amorrites.

Les Amorrites de la Bible

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Le terme Amorrite est utilisé dans la Bible. La première mention se trouve dans les généalogies du livre de la Genèse, les Amorrites de la Bible sont des descendants de Canaan qui habiteraient dans la montagne, comme les Jébuséens.

À l'époque d'Abraham, le roi Kedorlaomer mène une expédition punitive, au cours de laquelle il bat des Amorrites dans les environs de En-Gedi. Dans cette histoire, les Amorrites sont un des nombreux peuples présents entre le Nil et l'Euphrate.

À l'époque de l'Exode, les Amorrites sont décrits comme un des nombreux peuples présents en Canaan, et les Israélites affrontent, en sortant d'Égypte, deux rois amorrites, derniers des Rephaims : Sihon et Og, ce dernier aurait été un géant.

Lors de sa conquête, Josué fait face à une coalition d'Amorrites, vivant dans les montagnes de Canaan, les rois « Adoni-Tsédek de Jérusalem, Hoham roi d'Hébron, Piram roi de Jarmuth, Japhia roi de Lakish et Débir roi d'Églon ». Le terme Amorrite semble désigner une partie des Cananéens. Les habitants de Gibéon sont aussi des Amorrites, qui font alliance avec les Israélites.

Notes et références

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  1. Alfred Haldar, Who Were the Amorites (Leiden: E. J. Brill, 1971), p. 7

Bibliographie

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Articles de synthèse

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  • (en) Robert M. Whiting, « Amorrite Tribes and Nations of Second Millennium Western Asia », dans Jack M. Sasson (dir.), Civilizations of the Ancient Near East, New York, Scribner, , p. 1231-1242
  • (en) Giorgio Buccellati, « Amorites », dans Eric M. Meyers (dir.), Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East, vol. 4, Oxford et New York, Oxford University Press, , p. 107-111
  • Nele Ziegler, « Amorrite », dans Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, , p. 40-42
  • (en) Dominique Charpin, « Amorites », dans Encyclopedia of the Bible and Its Reception, vol. 1, Berlin et Boston, Walter de Gruyter, , col. 1019-2026
  • (en) Hervé Reculeau, « Amorites », dans Roger S. Bagnall, Kai Brodersen, Craige B. Champion, Andrew Erskine, et Sabine R. Huebner (éditeurs), The Encyclopedia of Ancient History, Blackwell, , 2 p. (lire en ligne)

Études spécialisées

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  • Dominique Charpin, « Histoire politique du Proche-Orient amorrite (2002-1595) », dans Dominique Charpin, Dietz-Otto Edzard et Marten Stol, Mesopotamien : die altbabylonische Zeit, Fribourg et Göttingen, Academic Press Fribourg ou Vandenhoeck & Ruprecht, (lire en ligne), p. 25-480.
  • (en) Walther Sallaberger, « From Urban Culture to Nomadism : A History of Upper Mesopotamia in the Late Third Millennium », dans Catherine Kuzucuoğlu et Catherine Marro (dir.), Sociétés humaines et changement climatique à la fin du troisième millénaire: une crise a-t-elle eu lieu en Haute Mésopotamie? Actes du Colloque de Lyon (5-8 décembre 2005), coll. « Varia Anatolica » (no 19), (lire en ligne), p. 417-456
  • Dominique Charpin, « Le « mur des Amorrites » à Sumer à la fin du IIIe millénaire av. J.-C. : le premier exemple de mur anti-migrants ? », dans Patrick Boucheron (dir.), Migrations, réfugiés, exil, Paris, Odile Jacob, coll. « Travaux du Collège de France », (DOI 10.3917/oj.bouch.2017.01.0061, lire en ligne), p. 61-81
  • (en) Aaron A. Burke, The Amorites and the Bronze Age Near East : The Making of a Regional Identity, New York, Cambridge University Press,
  • (en) Ilya Arkhipov, « The Middle East after the Fall of Ur: From Assur to the Levant », dans Karen Radner, Nadine Moeller et Daniel T. Potts (dir.), The Oxford History of the Ancient Near East, Volume 2: From the End of the Third Millennium BC to the Fall of Babylon, New York, Oxford University Press, , 976 p. (ISBN 0190687576), p. 310-407
  • (en) Nathan Wasserman et Yigal Bloch, The Amorites : A Political History of Mesopotamia in the Early Second Millennium BCE, Leyde et Boston, Brill,

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Articles connexes

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Liens externes

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