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*[[Site archéologique du Vieux-Poitiers|site archéologique du Vieux-Poitiers]] (communes de [[Cenon-sur-Vienne|Cenon]] et de [[Naintré]], au sud de [[Châtellerault]], à 25 km au nord-est de Poitiers) ; proche d'[[Ingrandes (Vienne)|Ingrandes-sur-Vienne]]
*[[Site archéologique du Vieux-Poitiers|site archéologique du Vieux-Poitiers]] (communes de [[Cenon-sur-Vienne|Cenon]] et de [[Naintré]], au sud de [[Châtellerault]], à 25 km au nord-est de Poitiers) ; proche d'[[Ingrandes (Vienne)|Ingrandes-sur-Vienne]]

==== Sites ruraux ====
*[https://www.inrap.fr/une-ferme-fortifiee-gauloise-en-poitou-charentes-5007 « Une ferme fortifiée gauloise en Poitou-Charentes »] (lieu-dit Les Gains, à [[Saint-Georges-lès-Baillargeaux]], à 10 km au nord-est de Poitiers) : « Résidence d'un aristocrate picton au IIe ou au Ier siècle avant notre ère, cette ferme fortifiée domine une voie naturelle reliant Poitiers (''Lemonum'') à Tours (''Caesarodunum'') via Vieux-Poitiers, par les vallées du [[Clain]], de la Vienne et de la Loire. »


=== Organisation politique et cultes ===
=== Organisation politique et cultes ===

Version du 14 août 2024 à 19:14

Pictons
Image illustrative de l’article Pictons
Monnayage picton

Ethnie Celtes
Langue(s) Gaulois
Religion Celtique
Villes principales Lemonum
Région actuelle Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire (France)
Rois/monarques Duratios
Frontière Andécaves, Bituriges Cubes, Lémovices, Turons, Santons

Les Pictons (Pictones) ou Pictaves (Pictavi) sont un peuple de Gaule installé dans un territoire correspondant aux actuels départements français de la Vendée, des Deux-Sèvres, de la Vienne, augmentés du sud de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire.

Dans l'empire romain, les Pictons constituent une des soixante cités (civitates) des Trois Gaules (Lyonnaise, Aquitaine et Belgique), dont la capitale est Limonum (Poitiers). Elle fait partie de la province d'Aquitaine à partir du règne d'Auguste, de la province d'Aquitaine seconde (chef-lieu : Bordeaux) à partir du règne de Dioclétien.

Les noms de la région historique du Poitou et le nom actuel de Poitiers viennent tous deux du nom de ce peuple.

Philologie

Mentions littéraires antiques

Le mot Pictones[1] est utilisé par des auteurs romain écrivant en latin classique, notamment César dans la Guerre des Gaules[2] et le poète Lucain dans la Pharsale[3].

Le mot Pictavi[4] est utilisé par Ammien Marcellin[5], auteur du IVe siècle.

On trouve aussi les adjectifs pictonicus et pictavicus (chez Ausone, auteur du Ve siècle, originaire de Bordeaux) ainsi que pictavus (chez Sulpice Sévère, du Ve siècle).

Mentions en français à partir de l'époque moderne

Le nom de ce peuple apparait, selon les sources et les époques, sous les formes « Pictons » et « Pictaves ».

On trouve aussi la forme « Pictes », par exemple dans le Dictionnaire étymologique du patois poitevin (1867) de l'érudit local Gabriel Lévrier : « Les Pictes furent nos ancêtres ; nous tenons d'eux un immense héritage : ils ébauchèrent notre civilisation, créèrent la plupart de nos villages, et jetèrent les bases d'un bon nombre de nos villes. Chaque jour nous foulons à nos pieds les forêts par eux consacrées au culte de Teutatès et d'Hésus, ainsi que les sillons tracés par leurs charrues grossières. »[6]. Mais à l'heure actuelle, le mot « Picte » désigne en français un peuple ancien d'Écosse, les Pictes (en latin Picti, en anglais Picts).

La dénomination usuelle à l'heure actuelle est Pictones[7] ou « Pictons ».

Étymologie du mot Pictones

Leur nom est formé sur un radical celtique pict-, qui signifie « rusé »[8].

Les Pictons avant la conquête romaine

Le territoire que les Romains appellent la Gaule (transalpine) au Ier siècle avant notre ère s'étend du Rhin aux Pyrénées. Les historiens estiment que les Celtes ont commencé à s'installer dans ces territoires au Ve siècle avant notre ère, mais on ignore le détail du processus d'occupation et de celtisation. Ils ont aussi envahi l'Italie, créant au nord de la péninsule la Gaule cisalpine, que les Romains ont conquise dès le IIIe siècle avant notre ère, avant de s'emparer de la Gaule narbonnaise vers - 120.

Selon César, au moment où il commence sa conquête (en - 58), la Gaule est divisée en trois parties : la Celtique (de la Marne à la Garonne), la Belgique (au nord de la Marne), l'Aquitaine (au sud de la Garonne). Les Pictons, au sud de la Loire, font partie de la région de Celtique. Il s'agit d'un peuple indépendant et même assez puissant, tout comme dans l'ouest de la Gaule, les Vénètes, les Bituriges Cubes et les Santons.

Carte de la Gaule transalpine avant la guerre des Gaules.
Localisation du territoire des Pictons au sud de l'estuaire de la Loire.

Territoire

Les territoires des peuples gaulois peuvent être reconstitués de façon approximative à partir de trois sources d'information : la toponymie ; la géographie historique ; l'archéologie, notamment la répartition des monnaies lorsqu'il s'agit d'un peuple émetteur, ce qui est le cas des Pictons avant la conquête romaine.

Toponymie

La toponymie actuelle de la France permet de supposer l'existence d'un toponyme gaulois *Equoranda[9] marquant la frontière entre deux peuples ; en français, ce toponyme apparait aujourd'hui sous les formes « Ingrandes » et « Aigurande », ou sous des formes plus éloignées (Ingrannes, Guirande, Guirlande, Egrenne, etc.). Ce toponyme peut aussi apparaitre dans une forme dérivée de sa traduction latine (Fines) : Fins. Ces toponymes sont parfois situés à la limite de deux départements.

En ce qui concerne les Pictons, on le retrouve trois fois sous la forme « Ingrandes » :

On le retrouve aussi probablement :

Géographie historique

On admet une relation assez forte entre les territoires des peuples gaulois d'avant la conquête et les territoires des cités gauloises de l'Empire romain, et par conséquent celui des diocèses chrétiens constitués à la fin de l'Antiquité. Or ces diocèses sont cartographiés à partir de l'époque moderne.

Dans le cas du diocèse de Poitiers, qui existe dès le IIIe siècle, il faut ajouter à son territoire du XVIIIe siècle celui des diocèses de Maillezais et de Luçon créés en 1317.

D'autre part, on pense que des territoires situés au sud de la Loire ont été attribués aux Pictons par les Romains après la guerre des Gaules, notamment l'actuel Pays de Retz, qui sera d'ailleurs conquis par les Bretons au Xe siècle et séparé du diocèse de Poitiers.

Il faut aussi tenir compte des noms de localités attestées comme pictonnes par les textes ou par l'archéologie pré-romaine (oppida) : à commencer par la ville antique de Poitiers, Limonum.

Monnayage

Statère d’électrum frappé par les Pictons. Date : Ier siècle av. J.-C.

Il existe un monnayage picton à partir de la fin du IIe siècle av. J.-C., utilisant l'electrum[réf. nécessaire], mais aussi parfois l'argent ou le bronze[10].

On retrouve des monnaies pictonnes en abondance dans la Vienne et les Deux-Sèvres, mais en faible quantité en Vendée.

Délimitation du territoire picton en 60 avant notre ère

À partir de ces éléments, on peut établir avec une forte certitude que le territoire picton s'étendait sur le territoire de la Vienne et des Deux-Sèvres (par la suite appelé Haut-Poitou) et le sud de la Vendée.

Il est probable que la plus grande partie de Vendée n'en faisait pas partie, relevant probablement des Ambilatres[11]), peuple gaulois particulièrement mal connu, n'ayant pas subsisté après la conquête romaine.

L’extension du territoire picton jusqu’à la Loire sur tout son cours inférieur est une hypothèse à peu près abandonnée à l'heure actuelle : il s'agit d'une situation d'époque romaine.

Villes et économie

Limonum, oppidum des Pictons

Le nom du principal oppidum et probable capitale des Pictons est Limonum ou Lemonum (« l'Ormeraie »), dont la localisation correspond à celle de l'actuelle ville de Poitiers. Cet oppidum (terme qui désigne une ville fortifiée, généralement située sur une hauteur) est située sur un vaste promontoire au confluent du Clain et de la Boivre.

Ce nom celtique est formé sur un mot gaulois lemo-, « orme », qu'on retrouve dans le mot irlandais lem (même sens), avec un suffixe latinisé (-onum). À la fin de l'Antiquité, du fait de l'affaiblissement des structures romaines, Limonum (capitale de la cité des Pictons) devient Civitas Pictavensis[réf. nécessaire] (« la cité des Pictons », le mot « cité » prenant alors le sens de « ville où réside un évêque »), selon un processus général en Gaule romaine[12], et par la suite « Poitiers ».

Autres localités

Sites ruraux

Organisation politique et cultes

Plusieurs noms des civitas voisines des Pictons nous sont connues, comme les Ambiliates ou Ambilatres (Vendée actuelle) et les Agnutes ou Anagnutes.

Duratios était roi des Pictons lors de la conquête, mais son pouvoir semblait limité par celui des chefs de guerre pictons.[réf. nécessaire]

Voir aussi religion gauloise, druidisme.

Monnayage

Statère d’électrum frappé par les Pictons. Date : Ier siècle av. J.-C.

Le Poitou celte connut une circulation monétaire originale à partir de la fin du IIe siècle av. J.-C. Il s'agit de monnaies d'electrum[réf. nécessaire]. Comme la plupart des monnaies gauloises, il est inspiré du statère macédonien, et des monnaies grecques de la colonie d'Empúries en Catalogne.

Les monnaies pictonnes possèdent un type armoricain, dont le revers possède un caractère original : une main ouverte se trouve sous le cheval androcéphale courant. On retrouve encore des monnaies d'argent et de bronze[13].

Ces motifs inspirèrent directement le monnayage des Namnètes[réf. nécessaire], tant l'influence politique, ainsi que la stabilité économique pictonne, étaient importants sur cette région de la Loire[réf. nécessaire].

On retrouve abondamment ces monnaies dans la Vienne et les Deux-Sèvres, et en faible quantité en Vendée.

Il existe également au Ier siècle av. J.-C. une série d'argent, ornée d'un cavalier ailé qui saute une fleur de type lys, proche du monnayage des Bituriges. Son caractère proprement picton est cependant moins certain.

La Guerre des Gaules et la fin de l'indépendance

Les Pictons faisaient partie des peuples qui pouvaient se sentir menacés par la migration des Helvètes vers le territoire des Santons, dans le cas où elle se serait effectuée par le nord du Massif central. Ils avaient donc tout intérêt à l'intervention de Jules César.

Tout comme les Santons, ils fournirent une flotte à César en 56 av. J.-C. Leur chef Duratios resta fidèle à César lors de l'insurrection de 52 av. J.-C. Cependant, Vercingétorix demanda des renforts à tous les peuples de la Gaule, et 8000 hommes furent envoyés par les Pictons. Le peuple picton était donc partagé. Le contingent favorable à Vercingétorix rejoignit le chef des Andes Dumnacos à Angers, qui se dirigea alors vers Lemonum pour y assiéger Duratios. Celui-ci envoya un courrier au légat romain Caius Caninius Rebilus, qui lui apporta du soutien depuis le territoire des Rutènes. Mais n'ayant que des troupes de peu de valeur, il se construisit un camp retranché afin de résister à Dumnacos. Celui-ci l'assaillit durant plusieurs jours sans réussir à le pénétrer.

Dumnacos prit la fuite en apprenant que le légat Caius Fabius, qui obtenait allégeance des peuples entre Beauvais et Tours, se portait au secours de Caninius.

Étant resté fidèle en majorité à César, la cité pictonne, c'est-à-dire la subdivision administrative romaine qui fut attribuée aux Pictons lors de l'organisation de la Gaule en provinces romaines entre 16 av. J.-C. et 13 av. J.-C., fut probablement augmentée du territoire des Ambilatres et des Anagnutes (probablement la Vendée).

Période antique

La paix romaine

La paix romaine profita à la cité des Pictons, notamment par de nombreuses constructions urbaines (voir Histoire de Poitiers), il est toutefois difficile de se prononcer sur le degré de romanisation du peuple picton. Des survivances de l'époque gauloise sont attestées, ainsi, comme dans de nombreux autres endroits des Gaule, au milieu du IIe siècle, les bornes milliaires indiquent les distances en lieues gauloises, et non en milles romains. En revanche, il est certain qu'à cette époque l'aristocratie de la cité était profondément romanisée et fortement intégrée à la classe dirigeante de l'Empire romain : Marcus Sedatius Severianus originaire de Poitiers fit en effet une belle carrière de sénateur romain qui le porta au consulat en 153. Les découvertes archéologiques ont révélé la richesse de la Poitiers romaine et son insertion dans l'économie impériale, source commerciale, selon Gilbert-Charles Picard de la réussite des notables pictons[14]. Il est possible que Poitiers ait été la capitale de la province romaine d'Aquitaine. Selon G. Nicolini des traces d'incendie marquent une rupture dans l'histoire de la ville dans le troisième quart du IIe siècle, incendies et ruptures que G.-Ch. Picard expliquait par des troubles et des révoltes.

En 237, on trouve la première mention du changement progressif du nom de Limonum en Poitiers.

La prospérité de la cité des Pictons se lit aussi dans les agglomérations qui se sont développées autour de sanctuaires ruraux, comme Sanxay, et les Tours Mirandes à Vendeuvre dans les deux premiers siècles de l'ère chrétienne. D'autres agglomérations se sont encore développées à partir du IIIe siècle, comme le Vieux-Poitiers à Naintré, commune qui a également livré deux tombeaux exceptionnels (les Dames de Naintré). Ce bourg ne disparaît qu'avec les invasions normandes du IXe siècle. Au Ier siècle apr. J.-C., le géographe Strabon[15] mentionne également les deux principales villes pictonnes de l'époque : Lemonum (Poitiers) et Ratiatum (Rezé). Ce port servait au commerce avec les îles Britanniques[réf. nécessaire].

Après que Constantin Ier avait fait du christianisme une religion licite et protégée, celui-ci se répand de plus en plus rapidement. Saint Hilaire est le premier évêque assuré de Poitiers vers 350. Il accueille le futur saint Martin de Tours, qui fonde à Ligugé le plus ancien monastère de Gaule, encore en activité aujourd'hui.

Carte des principales agglomérations antiques pictonnes

La carte suivante inventorie les principaux sites d'agglomérations secondaires ou vici, ainsi que celui de la capitale, Lemonum (Poitiers), attestés sur le territoire picton pour l'époque gallo-romaine[16] :

Carte des principales agglomérations appartenant au territoire des Pictones pour la période antique
Agglomérations antiques (vici et capitale) des Pictons.


Légende

Notes et références

  1. Dictionnaire latin-français Gaffiot, page 1179 : « Pictones, Pictonum, les mêmes que Pictavi ».
  2. Gaffiot : César, Guerre des Gaules, 3, 11 et 7, 4.
  3. Gaffiot : Lucain, I, 436.
  4. Gaffiot, page 1179 : « Pictavi, Pictavorum, peuple d'Aquitaine [habitant le Poitou] ».
  5. Gaffiot : Ammien, 15, 11, 13.
  6. Gabriel Lévrier, Dictionnaire étymologique du patois poitevin, Niort, Imprimerie Mercier, 1867, page 7.
  7. Atlas historique, Paris, Larousse, 1978, page 22 : Carte de « La Gaule en 60 avant Jésus-Christ ».
  8. Ernest Nègre, Les Noms de lieux en France, 1977, p. 41
  9. Aucun texte (gaulois, romain ou autre) ne le donne. Il est reconstitué (d'où l'astérisque) sous une forme hypothétique à partir de la toponymie actuelle. D'autres formes sont envisagées, notamment *Ewiranda, *Egoranda.
  10. Michel Amandry (directeur), Dictionnaire de numismatique, Larousse, 2001, (ISBN 2-03-505076-6), p. 458
  11. Carte de José Gomez de Soto, d’après Jean Hiernard et Louis Maurin, dans Jean Combes (dir.), Histoire du Poitou et des Pays charentais : Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime, Clermont-Ferrand, éditions Gérard Tisserand, , 334 p. (ISBN 2-84494-084-6, lire en ligne), p. 90
  12. Autres exemples : Nantes, Bourges, Saintes, Paris, Metz, Lisieux, etc. Mais pas Bordeaux, Rouen ou Agen, etc. dont le nom vient du nom antique.
  13. Michel Amandry (directeur), Dictionnaire de numismatique, Larousse, 2001, (ISBN 2-03-505076-6), p. 458
  14. G. Ch. Picard, "Ostie et la Gaule de l'Ouest", MEFRA, 93, 2, 1981, p. 893-915[1]
  15. Strabon, Géographie, IV, 2, 1, confirmé par au IIe siècle apr. J.-C. par le géographe Ptolémée, II, 6 qui mentionne également les Pictons occupant la zone géographique située au sud de l'estuaire de la Loire avec Ratatium ou Ratiatum (Rezé) comme important port situé sur ce même fleuve
  16. a et b Picard 1982, p. 539-540.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes